Lundi 1er avril, les prix de l’électricité ont chuté en France, passant en négatif à cause d’une offre excédentaire. Cela a entraîné une baisse brutale de la production électrique car de nombreux champs d’éoliennes se sont découplés du réseau. Cette surabondance d’électricité est due à une forte production d’énergies renouvelables et à une faible consommation, ce qui a provoqué des offres négatives de la part des centrales non flexibles pour éviter les coûts de redémarrage.
Ce phénomène met en lumière la nécessité de repenser les mécanismes du marché de l’électricité et d’encourager la flexibilité de la demande. Avec l’installation croissante d’énergies renouvelables intermittentes, comme l’énergie éolienne dont la contribution au réseau dépend fortement des conditions météorologiques, la fluctuation des prix devient plus importante et imprévisible.
En réaction à cette situation, il est essentiel pour les acteurs du secteur énergétique de trouver des solutions afin d’atténuer ces variations brusques qui peuvent impacter le consommateur.
Prime pour les personnes à l’arrêt
En raison de la forte production d’énergies renouvelables par rapport à la faible consommation, les prix de l’électricité peuvent chuter en-dessous de zéro. Cela se produit lorsque des actifs non flexibles soumettent des offres négatives pour éviter les coûts de redémarrage. En cas de surproduction d’électricité, certains producteurs doivent réduire leur production ou même payer pour continuer à produire.
La situation peut notamment impacter les centrales nucléaires qui ont des limites quant à la baisse de leur production et le redémarrage nécessite un temps considérable. Pour éviter cette problématique, les producteurs d’énergies renouvelables sous contrat avec l’Etat doivent ajuster leur production lors des heures de prix négatifs. Ils peuvent alors bénéficier d’une prime à l’arrêt s’ils démontrent qu’ils n’ont pas injecté dans le réseau pendant ces périodes.
Toutefois, avec la croissance constante des énergies renouvelables, ce système pourrait être remis en question car il couvrira des volumes importants. De plus, cela pourrait avoir un impact sur le consommateur puisque malgré les prix négatifs sur le marché, le producteur continuera à vendre au même prix grâce à une compensation fournie par l’État.
Le concept de coût marginal
Le marché de l’électricité en Europe est confronté à des défis majeurs, notamment en ce qui concerne le financement des moyens de production nécessaires aux périodes de pointe. Les prix négatifs rendent difficile la rentabilisation des centrales électriques, en particulier celles fonctionnant au gaz. Ce phénomène a un impact sur le coût marginal du marché de l’électricité et soulève des inquiétudes quant à sa viabilité future.
L’ordre croissant des coûts de fonctionnement des centrales électriques détermine le prix final du mégawattheure (MWh). Actuellement, les centrales à gaz jouent un rôle crucial dans la fixation du prix de l’électricité, mais leur disparition progressive pour des raisons environnementales remet en question ce modèle économique. En France par exemple, avec la transition vers une énergie nucléaire marginale, il y a un risque que les coûts fixes ne soient pas couverts par les revenus générés par la vente d’électricité, entraînant ainsi des pertes financières pour les exploitants.
La réforme du marché européen de l’électricité vise à ajuster les prix pour protéger certaines sources d’énergie face aux fluctuations extrêmes du marché. Cependant, cette réforme ne remet pas en cause le principe fondamental du coût marginal. Par conséquent, lorsque les centrales au gaz seront sollicitées pendant les périodes de pointe, on peut s’attendre à une variabilité importante des prix.
En conclusion, cette évolution pose un défi considérable pour l’avenir du marché européen de l’électricité et soulève également d’importantes questions concernant la transition vers des sources d’énergie renouvelables et ses implications sur la stabilité financière et opérationnelle du secteur énergétique.
Réduire, arrêter, repousser
RTE espère lisser la pointe de consommation d’électricité en encourageant les usagers à décaler leur consommation vers les heures de forte production décarbonée. Pour y parvenir, il faudrait mettre en place des incitations financières pour encourager ce changement de comportement. Actuellement, seuls 15 millions de consommateurs sur 39 millions sont concernés par le système tarifaire heures pleines et heures creuses. Le gouvernement a récemment augmenté la Taxe intérieure sur la consommation d’électricité (TICFE) à 21 euros par MWh, provoquant une hausse des tarifs pour tous les consommateurs, quelle que soit l’heure de consommation. Cette augmentation va à l’encontre de la philosophie prônée par RTE visant à encourager un décalage de la consommation vers les heures de forte production décarbonée.
