Ubérisation de l’université: l’explosion du recours aux vacataires menace l’enseignement supérieur français 🎓

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L’ubérisation de l’enseignement supérieur français se manifeste par une augmentation alarmante du recours aux vacataires, qui représentent désormais 60% du personnel enseignant universitaire. Ce phénomène, comparé à la précarisation des travailleurs de l’économie de plateforme, s’est accentué de 30% ces sept dernières années. Bien que le statut de vacataire ait été initialement conçu pour des interventions ponctuelles d’experts externes, il est aujourd’hui détourné comme un outil de recrutement à moindre coût. Cette tendance s’inscrit dans un contexte plus large de sous-financement chronique des universités françaises, remettant en question la qualité de l’enseignement et la stabilité de l’emploi dans le milieu académique.

La rémunération des vacataires : une précarité salariale alarmante dans l’enseignement supérieur

La précarisation du corps enseignant universitaire en France s’est accentuée depuis la loi de 2007 sur l’autonomie des universités. Face à des budgets stagnants et une hausse des effectifs étudiants, les établissements recourent massivement aux vacataires, une main-d’œuvre nettement moins coûteuse. Ce phénomène soulève plusieurs problématiques :

  • Une rémunération insuffisante des vacataires, souvent inférieure au SMIC horaire
  • Un manque de reconnaissance du travail préparatoire et de correction
  • Une précarité croissante des jeunes chercheurs et enseignants
  • Un flou statistique sur le nombre réel de vacataires dans l’enseignement supérieur

Cette situation interroge sur la qualité de l’enseignement et les conditions de travail dans les universités françaises.

La précarisation croissante du corps de chercheurs universitaires

Le recours massif aux vacataires dans l’enseignement supérieur français soulève de nombreuses inquiétudes quant à la qualité de l’enseignement et aux conditions de travail des jeunes chercheurs. On distingue deux catégories principales :

  • Les chargés d’enseignement vacataires (CEV) : professionnels ou fonctionnaires exerçant une activité principale, dont la disponibilité pour la préparation des cours et le suivi pédagogique peut être limitée.
  • Les agents temporaires vacataires (ATV) : principalement des doctorants et post-doctorants, souvent issus des sciences humaines et sociales, confrontés à une précarité prolongée.

Cette situation engendre plusieurs conséquences :

  1. La relégation des vacataires aux tâches moins prestigieuses, notamment l’enseignement en premier cycle.
  2. Un impact négatif sur la qualité de l’accompagnement des étudiants en licence.
  3. Une surcharge administrative pour les enseignants-chercheurs titulaires, au détriment de leurs missions de recherche et d’enseignement.

Cette ubérisation de l’université soulève des questions cruciales sur l’avenir de l’enseignement supérieur et la valorisation du premier cycle universitaire.

L’État à la frontière de l’illégalité : les limites juridiques du recours massif aux vacataires

Le recours massif aux vacataires dans l’enseignement supérieur français soulève de sérieuses questions juridiques et éthiques. Cette pratique place les établissements dans une zone grise légale, notamment en :

  • Utilisant abusivement un statut destiné à des intervenants ponctuels pour combler des besoins permanents
  • Encourageant le contournement des obligations légales via l’auto-entrepreneuriat
  • Imposant des délais de paiement excessifs, parfois de plusieurs mois
  • Rendant impossible la mensualisation des salaires pourtant légalement requise

Ces dérives fragilisent non seulement les conditions de travail des vacataires mais aussi la qualité de l’enseignement. Une solution proposée serait l’abrogation du statut de vacataire au profit de contrats plus protecteurs, à l’instar de la réforme opérée dans l’Éducation nationale.