Selon les dernières données, les retards de paiement en France se sont allongés au premier semestre, atteignant 14,1 jours en moyenne, contre 13,5 jours fin 2024. La France s’écarte ainsi de la norme européenne, où la moyenne reste plus basse, et affiche la dégradation la plus marquée sur un an. Cette tendance souligne une fragilité diffuse du crédit interentreprises, dans un contexte de croissance modérée et de tensions budgétaires. Les grandes organisations publiques et privées tirent la moyenne à la hausse, quand les TPE demeurent relativement vertueuses.
Il est à noter que moins de la moitié des entreprises (45,2%) règlent leurs fournisseurs à l’échéance. Les services publics, notamment hôpitaux et administrations déconcentrées, concentrent les plus fortes dérives. A l’opposé, le bâtiment conserve des délais contenus. Pour un sous-traitant industriel en tension de trésorerie, quelques jours supplémentaires suffisent à gripper la chaîne d’approvisionnement.
Face à cette situation, les acteurs financiers — BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE, CIC, Natixis, La Banque Postale — encouragent un pilotage fin du Besoin en Fonds de Roulement, quand les assureurs-crédit comme Euler Hermes (Allianz Trade), AXA et Coface renforcent la prévention du risque client. Reste une question: comment enrayer durablement l’allongement des délais tout en préservant l’activité?
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Retards de paiement en France: au-dessus de la norme européenne
D’après l’étude Altares, le retard moyen s’établit à 14,1 jours au premier semestre, confirmant un dépassement significatif de la moyenne européenne. La France avait déjà repassé ce seuil au quatrième trimestre 2024, à 13,6 jours, selon l’Observatoire des délais de paiement de la Banque de France. La dégradation s’est accélérée, portée par une hausse plus vive qu’ailleurs en Europe.
Le diagnostic converge entre sources: analyses de marché, témoignages d’entreprises et rapport Altares convergent. Cette dérive s’explique par la prudence de trésorerie, l’allongement de certains cycles de vente et des délais administratifs plus lourds dans le public.
- 14,1 jours de retard moyen en France au S1.
- 45,2% seulement des entreprises payent à l’heure.
- Public plus en retard (≈15 jours) que le privé (13,3 jours).
- Grandes entreprises > 20 jours; petites structures ≈ 15 jours.
- TPE < 13 jours: les plus ponctuelles.
Retards de paiement: écarts par taille d’entreprise
Il est à noter que les organisations de plus de 1.000 salariés affichent désormais plus de 20 jours de retard. A l’inverse, les TPE de moins de trois salariés conservent des pratiques plus rigoureuses, sous le seuil des 13 jours. L’effet de taille pèse: validation interne plus longue, multiplicité des approbations, systèmes de facturation hétérogènes.
Cas d’usage: une PME industrielle de Lyon, “MétalSolutions”, voit ses créances clients s’allonger de dix jours sur deux grands donneurs d’ordres. Résultat: une ligne de factoring doit être augmentée chez son partenaire bancaire, renchérissant son coût de financement. Ce basculement n’est pas isolé selon les données sectorielles.
- Processus internes plus complexes dans les grands groupes.
- Priorisation de la trésorerie au détriment du cycle fournisseur.
- Digitalisation incomplète des flux de factures.
- Risque réputationnel en hausse pour les mauvais payeurs.
Pour approfondir, voir également une synthèse des mesures envisagées, dont le durcissement des sanctions, relayée par LégiFiscal et les analyses de conjoncture publiées par Infonet.
Secteurs et administrations: hôpitaux et immobilier en tête des retards
La hiérarchie sectorielle est contrastée. L’immobilier affiche des retards élevés – ≈28,8 jours dans les agences – quand le bâtiment reste vertueux autour de 8,3 jours. L’industrie paie globalement avec trois jours de moins que la moyenne, mais certains segments, comme la boulangerie, ont frôlé 19 jours en juin. Dans le commerce, l’écart va de 10 jours (matériaux) à 30 jours (e-commerce).
Dans le secteur public, les retards approchent 15 jours. Les hôpitaux (21,7 jours) et les services déconcentrés de l’État (25,4 jours) se situent en queue de classement. Cette situation pèse sur les sous-traitants de maintenance, de restauration collective ou de dispositifs médicaux.
- Immobilier: ≈28,8 jours, dans le rouge.
- Bâtiment: ≈8,3 jours, meilleur élève.
- Industrie: moyenne -3 jours vs national; boulangerie ≈19 jours.
- Commerce: matériaux ≈10 jours vs e-commerce ≈30 jours.
- Public: hôpitaux 21,7, services d’État 25,4.
Ces constats rejoint l’analyse selon laquelle la France dépasse désormais la moyenne européenne, comme l’ont rappelé L’Express et Le Figaro.
Commerce et e-commerce: pourquoi l’écart se creuse
L’e-commerce conjugue délais logistiques, retours produits et arbitrages de trésorerie accentués. A l’inverse, les matériaux de construction bénéficient d’une rotation rapide et d’accords fournisseurs plus encadrés. Pour un détaillant textile en ligne, des retours massifs après les soldes pèsent sur la trésorerie et décalent les règlements.
Des bonnes pratiques existent: maîtrise des stocks, conditions générales renforcées, escompte de règlement et parcours de vente optimisé. Des ressources opérationnelles utiles foisonnent, par exemple un guide pour la vente en ligne de vêtements via Ekioz, ou des solutions de financement alternatif pour l’immobilier commercial via le crowdfunding.
- Gestion des retours et saisonnalité: tensions post-soldes.
- Escompte dynamique pour accélérer l’encaissement.
- Financement complémentaire (crowdfunding, affacturage).
- CGV et pénalités de retard mieux appliquées.
Trésorerie, assurance-crédit et financement: impacts et réponses
Cette dégradation alourdit le BFR des PME. Les directions financières renforcent l’usage de l’affacturage, du reverse factoring et du dynamique discount. Les banques — BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE, CIC, Natixis, La Banque Postale — élargissent leurs solutions court-terme, tandis que Euler Hermes (Allianz Trade), AXA et Coface ajustent notations et garanties.
Exemple concret: un sous-traitant aéronautique voit deux grands clients publics régler avec +10 jours. Pour préserver ses achats critiques, il active une police assurance-crédit et obtient un rehaussement de sa ligne d’affacturage. Le coût financier augmente, mais la continuité d’exploitation est sécurisée. Ce type d’arbitrage est désormais courant, comme le reflètent plusieurs analyses juridiques et européennes.
- Assurance-crédit pour mutualiser le risque d’impayé.
- Affacturage pour transformer créances en cash immédiat.
- Reverse factoring piloté par grands donneurs d’ordres.
- Scoring client et limites de crédit plus réactives.
Pour les litiges et impayés, des procédures graduées s’imposent: relances, mise en demeure, puis action contentieuse si nécessaire. Un guide pratique sur les réflexes à adopter en cas de non-paiement est disponible via Ekioz. A l’échelle macro, la photographie 2025 est détaillée par Altares et synthétisée par plusieurs médias économiques.
- Processus de recouvrement standardisé et cadencé.
- Clauses pénales et intérêts de retard appliqués.
- Médiation avant contentieux pour préserver la relation.
Cadre réglementaire et harmonisation européenne: sanctions et e‑facturation
Le durcissement des contrôles et des sanctions vise à protéger la trésorerie des PME. Un relèvement des plafonds — évoquant jusqu’à 1% du chiffre d’affaires pour les cas graves — est commenté par LégiFiscal. Selon l’Observatoire, la France s’est à nouveau écartée de la norme européenne en 2024, tendance confirmée par la Banque de France et relayée par les marchés.
La facture électronique obligatoire, qui commencera à s’appliquer à partir de septembre 2026, est perçue comme un levier d’accélération des règlements. Elle standardise les formats, automatise les contrôles et raccourcit les circuits d’approbation. Le mouvement s’inscrit dans une tentative d’harmonisation européenne, détaillée par des analyses spécialisées.
- Sanctions renforcées pour les mauvais payeurs récurrents.
- E‑invoicing pour fiabiliser les flux et réduire les litiges.
- Harmonisation UE pour limiter l’arbitrage réglementaire.
- Transparence accrue des pratiques de paiement.
Dans le champ public, la modernisation des procédures de paiement et des systèmes de workflow est clé. A titre d’illustration, la structuration des circuits de paiement et des obligations administratives — y compris dans des domaines du quotidien comme la gestion du FPS — est détaillée par des ressources pratiques telles qu’Ekioz. Pour les TPE/PME, des fiches synthétiques permettent d’améliorer le recouvrement et la gouvernance du poste clients.
- Cartographie des processus côté acheteur et côté fournisseur.
- Indicateurs de performance: taux à l’heure, DSO, litiges.
- Formation des équipes achats/finance aux règles UE.
Enfin, plusieurs synthèses médias permettent de suivre l’évolution récente: L’Express, Le Figaro et Infonet soulignent la poursuite de l’écart avec l’Europe, quand Franceinfo et Altares documentent finement les dynamiques par secteur et taille d’entreprise.
- Veille réglementaire pour anticiper les changements.
- Pilotage DSO intégré au plan de trésorerie.
- Partenariats avec banques et assureurs-crédit.
